Si vous étiez attentif à votre programme télé il y a quelques semaines (le 3 Novembre plus précisément), Arte se faisait la joie de vous proposer un documentaire sur les vinyles, nommé Vinylmania, un documentaire très enrichissant réalisé par le DJ italien Paolo Campana. Intrigués par ce reportage, nous avons posé quelques questions à Paolo pour en savoir un peu plus à propos de son projet.




UNKNOWN MAG: Tu as réalisé un documentaire très complet sur les vinyles, sur son histoire, son évolution, appelé "Vinylmania", qu'est-ce-qui t'a donné l'envie de le réaliser ?

Paolo Campana : J'avais quelque chose qui me poussait à réaliser ce documentaire il y a déjà quelques années, quand je suis retourné mixer. Je ne sais pas si c'est le fait de mixer qui m'a motivé pour faire ce film ou si c'est le contraire, faire le film pour retoucher aux platines. Je fréquentais le milieu des disquaires et des DJs, je trouvais que cette réalité avait quelque chose de fantastique et qu'il fallait la raconter, cela m'intriguait beaucoup.
C'est l'histoire des gens avec la musique, avec leur passion. Quand j'étais petit, je me rappelle que ma mère me réveillait avec un vieux disque de Mozart qui craquait tout le temps sur son vieux tourne disque.
En regardant les disques de mes parents tourner, je me perdais dans la spirale du vinyle, c'était comme si j'étais en voyage dans un autre univers, cet élement visuel m'a guidé dans l'idée de raconter mon histoire et l'histoire d'une passion commune.



UNKNOWN MAG: Comment s'est passé le tournage ?

Paolo : Ce fût assez intense, il y a eu trois mois de voyages: Cannes, Berlin, Paris, Prague, Londres, New York, Los Angeles, San Francisco, Tokyo... C'était très excitant mais aussi très difficile, on était une petite troupe pour une question de budget, nous sommes en fait une production indépendante : le producteur Edoardo Fracchia, moi à la camera et notre assistant Marco Torrisi, on bougeait sans arrêt d'une ville à l'autre. On avait des rendez vous avec les personnes que tu vois dans le film, mais on cherchait aussi l'improvisation, trouver des situations auquelles on ne s'attendait pas comme la rencontre avec le DJ et producteur Jérome Sydenham dans le magasin des disques Spacehall, qui dit une des plus belles phrases du film: "Vinyl... it's a love affair!" et d'autres petites anecdotes de ce genre.



UNKNOWN MAG : Quand tu vois les nouvelles générations l'iPod en main, qu'est-ce-que tu ressens ?

Paolo: Le Mp3 n'est pas un malheur, c'est une façon d'écouter et de vivre la musique, je ne me sens pas nostalgique. Avec le Mp3 on peut découvrir énormément de musique, tu peux changer de vitesse, te relaxer, approfondir ta connaissance et pourquoi pas acheter un bon disque et l'écouter dans ta chambre au lit avec ta petite amie ou ton petit ami.
Par contre, les jeunes générations de maintenant qui découvrent le vinyle, sont ceux qui ont besoin de rétablir un contact avec quelque chose de matériel, de concret. Le vinyle est une expérience concrète, tu es face à la musique, tu es face au groove ! Le mp3 c'est quelque chose de différent et il faut connaître cette différence.



UNKNOWN MAG : Comment vois-tu l'avenir de la musique ?

Paolo : Le futur... Je ne suis pas magicien mais je crois que le vinyle va conquérir de plus en plus un public curieux. Après, la technologie va tellement si vite...


UNKNOWN MAG : Qu'est-ce-que tu écoutes en ce moment et que tu nous conseillerais ?

Paolo : Pendant des années j'ai joué des disques de lounge-beat et exotica de 50s et 60s mais je suis revenu depuis deux ans sur la musique avec laquelle j'ai grandi: la new wave, le post punk, les années 80... Mais je suis aussi en train d'explorer l’électronique et l'underground. D'un coté j'adore Joy Division et The Soft Moon, de l'autre j'adore la dubstep (Zombie par exemple) ou ces mecs qui ont un son électronique dissonant et post electro comme Com Truise.


UNKNOWN MAG : As-tu un message à faire passer concernant le vinyle, le CD ou le Mp3 ou tout simplement à ceux qui regarderont ton documentaire?

Paolo : Ce qui compte c'est de faire l'expérience, être ouvert et profiter de tous les formats (MP3, CD, vinyle), jouer avec, apprendre des choses, découvrir... Moi par exemple j'adore faire de la cuisine en écoutant des 33 tours avec mes invités, partager c'est qu'il y a de plus important, parce que le vinyle c'est quelque chose que l'on partage avec les autres. On n'est pas dans son casque renfermé et isolé pendant une course de métro ou pire dans un parc à faire du foot. Un disque c'est quelque chose qui vit et vieillit avec toi ! Chaque fois que tu l'écoutes, tu lui donnes vie, tu donne la vie à la musique qu'il y a dedans et lui, il se donne à toi avec tout sa fragilité !




Un grand merci à Paolo Campana pour avoir pris le temps de répondre à nos questions.