Sachez, avant toute chose, que le Crocodylidae n’est pas qu’une « espèce de crocodiliens ». En effet, ces reptiles ont aussi forme humaine sous le nom de Crocodiles, deux petits mecs de San Diego qui ont suscité toute l’attention de la blogosphère avec le sombre album Sleep Forever en 2010 (notez aussi le premier album Summer Of Hate en 2009) où le psychédélique, le shoegaze et le noise ne faisaient qu’un, on pensait alors que les Jesus & Mary Chain réapparaissaient, que nenni ! La Californie a aussi ses propres trésors. Ils sortent ce mois-ci leur troisième album, Endless Flowers chez Souterrain Transmission.

Le premier titre de l’album « Endless Flowers » -en hommage aux Fleurs du Mal de Baudelaire- nous plonge directement dans une atmosphère à la fois pop, psychédélique et planante : des guitares légèrement saturées, une voix envolée comme sur le « Stoned To Death » de Sleep ForeverBrandon Welchez se laisse porter par les mélodies électrisantes de celles-ci, mélodies qui sont un peu moins ‘agressives’ que « I Wanna Kill » ou « Refuses Angels » de l’album Summer Of Hate, notamment sur « Sunday (Psychic Conversation #9) » ou « No Black Clouds For Dee Dee » où le chant de Welchez est beaucoup plus valorisé et ‘audible’.

Malgré les distorsions moins ‘violentes’ que les disques précédents, les Crocodiles ont le chic de rendre leur musique exquise et sensuelle même en déraillant sur la religion, comme dans « My Surfing Lucifer » où l’on tripe avec le diable en Enfer ; parce qu’il est toujours bon de rire de la mort avant que celle-ci ne le fasse à notre place. « You Are Forgiven » calme et relaxante avec ses cloches qui sonnent, pardonne de nos péchés les plus impurs et nous ramène sur le Chemin de la Rédemption.
Il y a cette impression de bipolarisation : les cinq premiers titres sont calmes, paisibles tandis que les derniers font penser au déchaînement de Sleep Forever avec ses riffs saturés sur « Dark Alleys » « Bubblegum Trash » et « Welcome Trouble ».

Endless Flowers n’est pas aussi accrocheur que son prédécesseur mais se laisse tout de même écouter dans sa totalité sans aucune envie de mettre sur ‘stop’ mais bien au contraire de se laisser bercer par les cordes vocales de Welchez tout en se dandinant adagio.